Le 16 octobre 2024, le président malien de la transition, Assimi Goïta, a été élevé au grade de général lors d’un Conseil des ministres à Bamako. Cette promotion, qui inclut également quatre autres colonels ayant participé au coup d’État de 2020, suscite des débats intenses au sein de la population et parmi les observateurs internationaux.
Cette élévation au rang de général, présentée comme une « demande populaire », a été décidée dans le cadre des recommandations du dialogue national inter-malien, organisé au printemps dernier. Les autres militaires promus sont Malick Diaw, président du Conseil national de transition (CNT), Sadio Camara, ministre de la Défense, Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale, et Modibo Koné, chef du renseignement. Cette auto-promotion est perçue par certains comme une tentative de renforcer l’autorité militaire dans un pays déjà en proie à des crises sécuritaires et politiques.
Le Mali traverse une période complexe marquée par l’insécurité croissante due à des groupes jihadistes et des tensions internes. Les autorités militaires avaient promis un retour à un gouvernement civil après la transition, mais les élections prévues ont été reportées à février 2024. Dans ce climat d’incertitude, les promotions militaires sont interprétées par certains comme un moyen pour Goïta et ses alliés de consolider leur pouvoir.
Les soutiens des autorités de transition accueillent ces promotions comme une reconnaissance du service rendu au pays. Cependant, des voix critiques s’élèvent pour dénoncer le moment choisi pour ces promotions. Moussa Mara, ancien Premier ministre, a exprimé sa préoccupation face à l’augmentation des privilèges des militaires alors que la population souffre de difficultés économiques croissantes. Il a déclaré : « Il est clair qu’en tant que général, on gagne davantage qu’en tant que colonel. »
La promotion d’Assimi Goïta et de ses alliés au rang de généraux soulève des questions sur l’avenir politique du Mali et sur la direction que prendra la transition en cours. Alors que les défis sécuritaires persistent et que les attentes d’un retour à la démocratie se font pressantes, cette auto-promotion pourrait avoir des répercussions significatives sur la stabilité du pays. Les mois à venir seront cruciaux pour observer comment ces changements affecteront le paysage politique malien.