Le mardi 17 septembre 2024, la capitale malienne, Bamako, a été secouée par une attaque djihadiste meurtrière qui a fait au moins 70 morts et environ 200 blessés. Cette offensive, ciblant une école de gendarmerie près de l’aéroport international Modibo Keita, a été revendiquée par le groupe Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), une alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda. Cet événement tragique soulève des questions cruciales sur la sécurité au Mali, un pays déjà en proie à une crise multidimensionnelle depuis plusieurs années.
Chronologie des événements
L’attaque a eu lieu tôt le matin, vers 4 heures, lorsque des hommes armés ont tenté de s’infiltrer dans l’école de police militaire de Faladié. Les autorités militaires maliennes ont décrit l’incident comme une « tentative d’infiltration déjouée », mais les rapports des médias et des sources sécuritaires indiquent qu’il s’agit d’une opération bien orchestrée qui a causé d’importantes pertes humaines. Des témoins oculaires ont rapporté avoir entendu des échanges de tirs intenses et des détonations puissantes à plusieurs kilomètres de la zone d’attaque. Adama Junior, un résident local, a déclaré : « C’est vers 4h du matin que les détonations nous ont réveillés. On entendait les échanges de tirs et des détonations très fortes. » Les forces de sécurité ont rapidement été mobilisées pour tenter de contenir la situation.
Un bilan humain important
Selon l’Agence France-Presse (AFP) et nos confrères de BBC le bilan pourrait atteindre jusqu’à 100 morts, avec plusieurs élèves gendarmes parmi les victimes. Les autorités maliennes ont confirmé la perte de plusieurs élèves gendarmes, mais le nombre exact de victimes reste flou en raison des informations contradictoires. Le groupe JNIM a quant à lui revendiqué « d’énormes pertes humaines » sans fournir de chiffres précis.
Les blessés sont estimés à environ 200, ce qui représente un nombre alarmant pour une attaque dans la capitale malienne. Le gouvernement malien a annoncé un programme d’assistance psychologique pour les victimes et leurs familles afin de faire face aux conséquences psychologiques d’une telle violence.
Des réactions immédiates
À la suite de l’attaque, le gouvernement malien a appelé à la vigilance et a demandé à la population de rester calme. Les autorités militaires ont indiqué que la situation était « sous contrôle » après avoir repoussé les assaillants. Cependant, cette déclaration n’a pas apaisé les craintes croissantes parmi les habitants de Bamako.
Le ministère malien de la Sécurité a qualifié l’incident d’« attaques terroristes » contre des « points sensibles » de la capitale, soulignant que l’école militaire était l’une des cibles visées par les djihadistes. L’armée malienne a également lancé des opérations de recherche pour retrouver les assaillants et assurer la sécurité dans la ville.
Le Mali est confrontée à crise multidimensionnelle
Le Mali est confronté à une crise multidimensionnelle depuis 2012, marquée par l’émergence de groupes djihadistes dans le nord du pays et par deux coups d’État militaires en 2020 et 2021. La situation sécuritaire s’est détériorée au fil des ans, avec une augmentation des attaques contre les forces armées et les civils.
Les groupes djihadistes tels que le JNIM et l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) exploitent le vide sécuritaire dans le pays pour mener des attaques meurtrières. Ces groupes s’en prennent non seulement aux forces armées maliennes mais aussi aux populations civiles, exacerbant ainsi la violence et l’instabilité.
La montée du JNIM
Le JNIM est considéré comme l’un des groupes militants les plus actifs du Sahel. Formé en mars 2017 par la fusion de plusieurs groupes djihadistes opérant au Mali, il est affilié à Al-Qaïda et mène régulièrement des attaques contre les forces maliennes et internationales.
Le groupe utilise une stratégie asymétrique qui inclut des embuscades, des attentats-suicides et des attaques directes contre les installations militaires. En revendiquant l’attaque contre l’école militaire à Bamako, le JNIM envoie un message fort sur sa capacité à frapper même au cœur du pouvoir malien.
Les défis du gouvernement malien
Depuis leur prise de pouvoir en 2020, les autorités militaires maliennes dirigées par le colonel Assimi Goita ont promis d’améliorer la sécurité dans le pays. Cependant, cette attaque remet en question leur capacité à protéger la population et à maintenir l’ordre public. Les critiques se multiplient concernant la stratégie sécuritaire mise en place par le gouvernement. De nombreux Maliens expriment leurs préoccupations quant à l’efficacité des mesures prises pour contrer la menace djihadiste. L’attaque à Bamako est perçue comme un échec flagrant du système sécuritaire actuel.
La réaction du gouvernement malien
En réponse à cette tragédie, le président Assimi Goita a exprimé ses condoléances aux familles des victimes tout en promettant que les responsables seraient traduits en justice. Dans un discours adressé à la nation, il a affirmé que malgré cette attaque, les djihadistes avaient été affaiblis et que son gouvernement continuerait à lutter contre le terrorisme.
Cependant, cette déclaration a suscité des critiques parmi les citoyens qui estiment que la réalité sur le terrain ne correspond pas aux affirmations du président. La population demande davantage d’efforts pour renforcer la sécurité dans les zones urbaines sensibles comme Bamako.
La réactions de la CEDEAO
La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a rapidement condamné l’attaque, exprimant ses inquiétudes quant aux conséquences sur la paix et la sécurité dans toute la région ouest-africaine. La CEDEAO a appelé tous les États membres à renforcer leur coopération pour lutter contre le terrorisme et assurer la stabilité régionale.
L’organisation régionale a également souligné l’importance d’un dialogue inclusif pour résoudre les problèmes sous-jacents qui alimentent le terrorisme dans la région. Elle a proposé son soutien au Mali pour renforcer ses capacités militaires et améliorer sa stratégie sécuritaire.
Des réactions internationales
Les Nations Unies ont également condamné l’attaque et ont exprimé leur solidarité avec le peuple malien. Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a déclaré que cette violence ne devait pas être tolérée et que toutes les mesures nécessaires devraient être prises pour protéger les civils. Des pays comme la France et les États-Unis ont également exprimé leurs préoccupations face à cette escalade de violence au Mali. Ils ont réaffirmé leur engagement envers la lutte contre le terrorisme dans le Sahel tout en appelant à un renforcement des efforts internationaux pour stabiliser la région.
Implications pour l’avenir du Mali
La nécessité d’une réforme sécuritaire
L’attaque contre l’école militaire souligne l’urgence d’une réforme profonde du système sécuritaire au Mali. Les autorités doivent repenser leur stratégie pour mieux répondre aux menaces djihadistes qui pèsent sur le pays. Cela inclut non seulement un renforcement militaire mais aussi une approche holistique qui prend en compte les causes profondes du terrorisme.
Les experts suggèrent que pour être efficace, toute stratégie doit inclure une composante politique visant à résoudre les conflits locaux et à promouvoir le développement socio-économique dans les régions touchées par la violence.
L’impact sur les populations civiles
Les conséquences humanitaires de cette attaque sont déjà visibles avec un nombre croissant de blessés nécessitant des soins médicaux urgents. Les familles touchées par cette tragédie devront faire face non seulement à une perte tragique mais aussi aux traumatismes psychologiques qui en découlent.
Il est impératif que le gouvernement malien mette en place un programme d’assistance psychologique solide pour aider ceux qui souffrent après cette attaque. La stigmatisation entourant les traumatismes liés au terrorisme doit être combattue afin que toutes les victimes puissent recevoir le soutien dont elles ont besoin.
L’attaque meurtrière contre l’école de gendarmerie à Bamako est un rappel brutal des défis auxquels fait face le Mali dans sa lutte contre le terrorisme. Alors que ce pays continue d’essayer de se relever après plusieurs années d’instabilité politique et sociale, il est essentiel que toutes les parties prenantes — gouvernementales, régionales et internationales — travaillent ensemble pour trouver une solution durable.
La lutte contre le djihadisme ne peut se limiter à une réponse militaire ; elle nécessite également une approche globale qui aborde les causes profondes du conflit tout en protégeant efficacement la population civile. Le chemin vers une paix durable sera long et difficile, mais il est impératif qu’il soit emprunté si le Mali souhaite retrouver sa stabilité et sa sécurité face aux menaces persistantes qui pèsent sur son avenir.