La Côte d’Ivoire est confrontée à une recrudescence inquiétante des féminicides, un phénomène tragique qui a pris une ampleur alarmante ces dernières années. Selon un rapport de l’ONG Citoyennes pour la Promotion et Défense des Droits des Enfants, Femmes et Minorités (CPDEFM), environ 416 féminicides ont été enregistrés à Abidjan entre 2019 et 2020, un chiffre qui témoigne d’une crise sociétale profonde. La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes a récemment tiré la sonnette d’alarme, appelant les autorités à agir avec détermination pour endiguer cette violence insensée.
Des cas tragiques qui illustrent un fléau sociétal
Des incidents récents ont mis en lumière la gravité de la situation. Le 10 avril dernier, un militaire a tué sa femme avant de se suicider à Bingerville, tandis qu’une autre femme a été retrouvée égorgée à Maféré, son mari étant suspecté du meurtre. Ces tragédies ne sont pas isolées et révèlent un schéma inquiétant où des femmes sont souvent victimes de violences mortelles lorsqu’elles tentent de quitter une relation abusive. Les proches des victimes rapportent que ces actes de violence sont souvent déclenchés par une volonté de rupture de la part des femmes, ce qui souligne le besoin urgent d’une meilleure prise en charge des victimes et d’une sensibilisation accrue sur les droits des femmes.
Les organisations de défense des droits des femmes réclament depuis longtemps une meilleure implication du gouvernement dans la collecte de données sur les féminicides et la mise en place de politiques de prévention efficaces. La présidente de la Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, Megane Boho, insiste sur l’importance d’un fichier gouvernemental recensant ces cas pour mieux comprendre l’ampleur du problème et agir en conséquence. Elle déclare : « Moins on sait ce qu’il se passe, moins on sait comment agir », soulignant l’urgence d’une réponse systématique face à cette violence.
Impact de la pandémie sur les violences faites aux femmes
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les violences faites aux femmes, avec un pic signalé durant les périodes de confinement. Une enquête menée par CPDEFM a révélé que 30 % des violences sexuelles avaient eu lieu pendant cette période, mettant en évidence l’urgence d’agir pour protéger les femmes vulnérables. Les mariages forcés et les violences conjugales continuent également d’être des réalités préoccupantes, avec plus de 70 % des femmes à Abidjan déclarant avoir été victimes de violences conjugales.
Un besoin urgent de changement
Face à cette situation alarmante, il est impératif que le gouvernement ivoirien prenne conscience de l’ampleur du fléau et mette en place des mesures concrètes pour protéger les femmes. La création de centres d’hébergement pour les victimes, la formation des forces de l’ordre sur la gestion des cas de violence domestique et le lancement de campagnes de sensibilisation sont autant d’actions nécessaires pour lutter contre ce phénomène. La Côte d’Ivoire doit s’engager résolument dans cette lutte pour garantir la sécurité et le respect des droits fondamentaux de toutes les femmes.