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Accueil Gabon

Gabon, Pétrole, BEAC et bras de fer : l’heure de vérité pour la souveraineté monétaire | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

Anne-Sophie Laborieux Par Anne-Sophie Laborieux
24 avril 2025
Temps de lecture :4 minutes de lecture
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gabon,-petrole,-beac-et-bras-de-fer-:-l’heure-de-verite-pour-la-souverainete-monetaire-|-gabonreview.com-|-actualite-du-gabon-|

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À la veille de la signature d’une convention inédite sur la gestion des fonds environnementaux du secteur pétrolier, le Gabon se trouve au cœur d’une bataille diplomatique et financière entre souveraineté monétaire, exigences écologiques et pression des multinationales. Face à la contestation des majors et aux tensions avec Washington, Libreville joue une partition risquée mais stratégique : transformer la rente pétrolière en levier de transition. Une décision qui engage bien plus que le budget d’un État — elle engage sa vision de l’avenir.

Quand l’Afrique reprend les rênes de son or noir : le Gabon transforme sa rente pétrolière en levier de souveraineté. © GabonReview

Depuis plusieurs mois, un bras de fer oppose les États d’Afrique centrale aux majors pétrolières étrangères. En toile de fond : la décision historique de la CEMAC d’imposer aux compagnies l’obligation de transférer à la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) les fonds dits de «restauration environnementale» (Fonds RES), autrement dit les réserves financières censées servir à remettre en état les sites d’extraction une fois les forages épuisés. Montant en jeu : jusqu’à 6 000 milliards de francs CFA à l’échelle régionale. Les multinationales protestent, le Congrès américain s’en mêle, et le FMI marche sur des œufs. Au cœur de cette tension internationale, le Gabon avance, presque à contre-courant, mais avec une vision à long terme.

Le Gabon se tient à la croisée des chemins

Dans un contexte de baisse attendue de la production pétrolière (prévision de -2,1 % en 2025), le Gabon n’a pas d’autre choix que de repenser en profondeur la gouvernance de ses ressources naturelles. Car, si le pétrole ne fait plus recette autant qu’hier, il doit au moins servir à financer l’après-pétrole. Et c’est bien le sens de la réforme en cours : donner une nouvelle destination aux fonds de remise en état, non plus simplement logés dans des comptes étrangers ou gérés de façon opaque, mais sécurisés au sein d’une institution monétaire régionale, la BEAC.

Ce transfert n’est pas qu’un jeu comptable : il constitue une affirmation de souveraineté. C’est une manière pour les États de la sous-région, dont le Gabon, de dire aux géants pétroliers que le temps du pillage tranquille est révolu. Que les richesses du sous-sol africain doivent désormais financer des réparations concrètes sur le sol africain.

Et c’est bien dans cet esprit que le ministre gabonais des Comptes publics, Charles M’ba, a récemment déclaré, lors d’un entretien sur TV5 Monde : «L’accord se construit progressivement avec nos partenaires, les opérateurs économiques, pétroliers et miniers qui opèrent dans nos régions. Nous avançons. Nous rencontrerons probablement à Washington nos partenaires à l’occasion de ces assemblées, avec le Fonds monétaire, à la Banque mondiale, et nous espérons aboutir bientôt à un accord.» Une phrase sobre, mais lourde d’intention. Elle montre que Libreville privilégie le dialogue, mais ne renonce pas à sa trajectoire.

Les masques tombent : quand l’environnement dérange les intérêts stratégiques

La levée de boucliers des compagnies pétrolières n’a rien d’étonnant. Ce qu’elles craignent, ce n’est pas l’instabilité juridique, mais la fin d’une rente mal encadrée. Ce qu’elles redoutent, c’est de devoir rendre des comptes. Ce qu’elles refusent, c’est que les États puissent enfin disposer d’un levier pour suivre, encadrer et exiger la réparation des dégâts causés par des décennies d’exploitation intensive.

Plus grave encore : la réaction américaine. En s’opposant à l’intégration des fonds RES dans les réserves de change de la CEMAC, le Congrès américain envoie un signal alarmant. Il ne s’agit plus seulement de défendre la transparence des flux, mais d’imposer, sous couvert de normes comptables, une vision utilitariste de la coopération internationale. Dans cette vision, les fonds dédiés à l’environnement ne seraient bons qu’à condition de rester liquides pour rassurer les marchés. Faut-il rappeler que ces mêmes marchés sont restés muets devant les passifs écologiques laissés dans le Delta de l’Ogooué ou les forêts du Moyen-Ogooué ?

Un acte politique majeur, un test pour l’avenir

Le 26 avril 2025, Libreville doit signer une convention clé sur la gestion des fonds RES. Cet acte ne sera pas une simple formalité administrative : il marquera un tournant politique. Le Gabon, qui a longtemps laissé les multinationales écrire les règles du jeu pétrolier, tente enfin d’inverser le rapport de force. La réforme des fonds de restauration est un levier d’avenir, à condition qu’elle soit appliquée avec rigueur, transparence, et dans un cadre de dialogue constructif avec les partenaires industriels — sans renoncer à l’intérêt général.

Mais au-delà du Gabon, c’est tout un modèle économique qu’il faut réinventer. Un modèle où les ressources fossiles ne servent plus à maintenir des budgets sous perfusion, mais à financer la transition écologique, la diversification productive, et l’investissement social.

Ce moment est décisif. Le Gabon peut céder aux pressions extérieures, retarder la réforme, et continuer de gérer son pétrole comme une rente du passé. Ou il peut assumer un choix courageux : celui de traiter l’environnement non plus comme un alibi, mais comme un actif stratégique. La signature du 26 avril sera plus qu’une convention : ce sera un test de maturité économique, diplomatique et morale.

À Libreville de trancher. Mais l’histoire retiendra ceux qui auront su, en temps voulu, faire du pétrole un outil de transition — et non une malédiction de plus.

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À la veille de la signature d’une convention inédite sur la gestion des fonds environnementaux du secteur pétrolier, le Gabon se trouve au cœur d’une bataille diplomatique et financière entre souveraineté monétaire, exigences écologiques et pression des multinationales. Face à la contestation des majors et aux tensions avec Washington, Libreville joue une partition risquée mais stratégique : transformer la rente pétrolière en levier de transition. Une décision qui engage bien plus que le budget d’un État — elle engage sa vision de l’avenir.

Quand l’Afrique reprend les rênes de son or noir : le Gabon transforme sa rente pétrolière en levier de souveraineté. © GabonReview

Depuis plusieurs mois, un bras de fer oppose les États d’Afrique centrale aux majors pétrolières étrangères. En toile de fond : la décision historique de la CEMAC d’imposer aux compagnies l’obligation de transférer à la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) les fonds dits de «restauration environnementale» (Fonds RES), autrement dit les réserves financières censées servir à remettre en état les sites d’extraction une fois les forages épuisés. Montant en jeu : jusqu’à 6 000 milliards de francs CFA à l’échelle régionale. Les multinationales protestent, le Congrès américain s’en mêle, et le FMI marche sur des œufs. Au cœur de cette tension internationale, le Gabon avance, presque à contre-courant, mais avec une vision à long terme.

Le Gabon se tient à la croisée des chemins

Dans un contexte de baisse attendue de la production pétrolière (prévision de -2,1 % en 2025), le Gabon n’a pas d’autre choix que de repenser en profondeur la gouvernance de ses ressources naturelles. Car, si le pétrole ne fait plus recette autant qu’hier, il doit au moins servir à financer l’après-pétrole. Et c’est bien le sens de la réforme en cours : donner une nouvelle destination aux fonds de remise en état, non plus simplement logés dans des comptes étrangers ou gérés de façon opaque, mais sécurisés au sein d’une institution monétaire régionale, la BEAC.

Ce transfert n’est pas qu’un jeu comptable : il constitue une affirmation de souveraineté. C’est une manière pour les États de la sous-région, dont le Gabon, de dire aux géants pétroliers que le temps du pillage tranquille est révolu. Que les richesses du sous-sol africain doivent désormais financer des réparations concrètes sur le sol africain.

Et c’est bien dans cet esprit que le ministre gabonais des Comptes publics, Charles M’ba, a récemment déclaré, lors d’un entretien sur TV5 Monde : «L’accord se construit progressivement avec nos partenaires, les opérateurs économiques, pétroliers et miniers qui opèrent dans nos régions. Nous avançons. Nous rencontrerons probablement à Washington nos partenaires à l’occasion de ces assemblées, avec le Fonds monétaire, à la Banque mondiale, et nous espérons aboutir bientôt à un accord.» Une phrase sobre, mais lourde d’intention. Elle montre que Libreville privilégie le dialogue, mais ne renonce pas à sa trajectoire.

Les masques tombent : quand l’environnement dérange les intérêts stratégiques

La levée de boucliers des compagnies pétrolières n’a rien d’étonnant. Ce qu’elles craignent, ce n’est pas l’instabilité juridique, mais la fin d’une rente mal encadrée. Ce qu’elles redoutent, c’est de devoir rendre des comptes. Ce qu’elles refusent, c’est que les États puissent enfin disposer d’un levier pour suivre, encadrer et exiger la réparation des dégâts causés par des décennies d’exploitation intensive.

Plus grave encore : la réaction américaine. En s’opposant à l’intégration des fonds RES dans les réserves de change de la CEMAC, le Congrès américain envoie un signal alarmant. Il ne s’agit plus seulement de défendre la transparence des flux, mais d’imposer, sous couvert de normes comptables, une vision utilitariste de la coopération internationale. Dans cette vision, les fonds dédiés à l’environnement ne seraient bons qu’à condition de rester liquides pour rassurer les marchés. Faut-il rappeler que ces mêmes marchés sont restés muets devant les passifs écologiques laissés dans le Delta de l’Ogooué ou les forêts du Moyen-Ogooué ?

Un acte politique majeur, un test pour l’avenir

Le 26 avril 2025, Libreville doit signer une convention clé sur la gestion des fonds RES. Cet acte ne sera pas une simple formalité administrative : il marquera un tournant politique. Le Gabon, qui a longtemps laissé les multinationales écrire les règles du jeu pétrolier, tente enfin d’inverser le rapport de force. La réforme des fonds de restauration est un levier d’avenir, à condition qu’elle soit appliquée avec rigueur, transparence, et dans un cadre de dialogue constructif avec les partenaires industriels — sans renoncer à l’intérêt général.

Mais au-delà du Gabon, c’est tout un modèle économique qu’il faut réinventer. Un modèle où les ressources fossiles ne servent plus à maintenir des budgets sous perfusion, mais à financer la transition écologique, la diversification productive, et l’investissement social.

Ce moment est décisif. Le Gabon peut céder aux pressions extérieures, retarder la réforme, et continuer de gérer son pétrole comme une rente du passé. Ou il peut assumer un choix courageux : celui de traiter l’environnement non plus comme un alibi, mais comme un actif stratégique. La signature du 26 avril sera plus qu’une convention : ce sera un test de maturité économique, diplomatique et morale.

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Quand l’Afrique reprend les rênes de son or noir : le Gabon transforme sa rente pétrolière en levier de souveraineté. © GabonReview

Depuis plusieurs mois, un bras de fer oppose les États d’Afrique centrale aux majors pétrolières étrangères. En toile de fond : la décision historique de la CEMAC d’imposer aux compagnies l’obligation de transférer à la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) les fonds dits de «restauration environnementale» (Fonds RES), autrement dit les réserves financières censées servir à remettre en état les sites d’extraction une fois les forages épuisés. Montant en jeu : jusqu’à 6 000 milliards de francs CFA à l’échelle régionale. Les multinationales protestent, le Congrès américain s’en mêle, et le FMI marche sur des œufs. Au cœur de cette tension internationale, le Gabon avance, presque à contre-courant, mais avec une vision à long terme.

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Dans un contexte de baisse attendue de la production pétrolière (prévision de -2,1 % en 2025), le Gabon n’a pas d’autre choix que de repenser en profondeur la gouvernance de ses ressources naturelles. Car, si le pétrole ne fait plus recette autant qu’hier, il doit au moins servir à financer l’après-pétrole. Et c’est bien le sens de la réforme en cours : donner une nouvelle destination aux fonds de remise en état, non plus simplement logés dans des comptes étrangers ou gérés de façon opaque, mais sécurisés au sein d’une institution monétaire régionale, la BEAC.

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Et c’est bien dans cet esprit que le ministre gabonais des Comptes publics, Charles M’ba, a récemment déclaré, lors d’un entretien sur TV5 Monde : «L’accord se construit progressivement avec nos partenaires, les opérateurs économiques, pétroliers et miniers qui opèrent dans nos régions. Nous avançons. Nous rencontrerons probablement à Washington nos partenaires à l’occasion de ces assemblées, avec le Fonds monétaire, à la Banque mondiale, et nous espérons aboutir bientôt à un accord.» Une phrase sobre, mais lourde d’intention. Elle montre que Libreville privilégie le dialogue, mais ne renonce pas à sa trajectoire.

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La levée de boucliers des compagnies pétrolières n’a rien d’étonnant. Ce qu’elles craignent, ce n’est pas l’instabilité juridique, mais la fin d’une rente mal encadrée. Ce qu’elles redoutent, c’est de devoir rendre des comptes. Ce qu’elles refusent, c’est que les États puissent enfin disposer d’un levier pour suivre, encadrer et exiger la réparation des dégâts causés par des décennies d’exploitation intensive.

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Le 26 avril 2025, Libreville doit signer une convention clé sur la gestion des fonds RES. Cet acte ne sera pas une simple formalité administrative : il marquera un tournant politique. Le Gabon, qui a longtemps laissé les multinationales écrire les règles du jeu pétrolier, tente enfin d’inverser le rapport de force. La réforme des fonds de restauration est un levier d’avenir, à condition qu’elle soit appliquée avec rigueur, transparence, et dans un cadre de dialogue constructif avec les partenaires industriels — sans renoncer à l’intérêt général.

Mais au-delà du Gabon, c’est tout un modèle économique qu’il faut réinventer. Un modèle où les ressources fossiles ne servent plus à maintenir des budgets sous perfusion, mais à financer la transition écologique, la diversification productive, et l’investissement social.

Ce moment est décisif. Le Gabon peut céder aux pressions extérieures, retarder la réforme, et continuer de gérer son pétrole comme une rente du passé. Ou il peut assumer un choix courageux : celui de traiter l’environnement non plus comme un alibi, mais comme un actif stratégique. La signature du 26 avril sera plus qu’une convention : ce sera un test de maturité économique, diplomatique et morale.

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Le Gabon se tient à la croisée des chemins

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Les masques tombent : quand l’environnement dérange les intérêts stratégiques

La levée de boucliers des compagnies pétrolières n’a rien d’étonnant. Ce qu’elles craignent, ce n’est pas l’instabilité juridique, mais la fin d’une rente mal encadrée. Ce qu’elles redoutent, c’est de devoir rendre des comptes. Ce qu’elles refusent, c’est que les États puissent enfin disposer d’un levier pour suivre, encadrer et exiger la réparation des dégâts causés par des décennies d’exploitation intensive.

Plus grave encore : la réaction américaine. En s’opposant à l’intégration des fonds RES dans les réserves de change de la CEMAC, le Congrès américain envoie un signal alarmant. Il ne s’agit plus seulement de défendre la transparence des flux, mais d’imposer, sous couvert de normes comptables, une vision utilitariste de la coopération internationale. Dans cette vision, les fonds dédiés à l’environnement ne seraient bons qu’à condition de rester liquides pour rassurer les marchés. Faut-il rappeler que ces mêmes marchés sont restés muets devant les passifs écologiques laissés dans le Delta de l’Ogooué ou les forêts du Moyen-Ogooué ?

Un acte politique majeur, un test pour l’avenir

Le 26 avril 2025, Libreville doit signer une convention clé sur la gestion des fonds RES. Cet acte ne sera pas une simple formalité administrative : il marquera un tournant politique. Le Gabon, qui a longtemps laissé les multinationales écrire les règles du jeu pétrolier, tente enfin d’inverser le rapport de force. La réforme des fonds de restauration est un levier d’avenir, à condition qu’elle soit appliquée avec rigueur, transparence, et dans un cadre de dialogue constructif avec les partenaires industriels — sans renoncer à l’intérêt général.

Mais au-delà du Gabon, c’est tout un modèle économique qu’il faut réinventer. Un modèle où les ressources fossiles ne servent plus à maintenir des budgets sous perfusion, mais à financer la transition écologique, la diversification productive, et l’investissement social.

Ce moment est décisif. Le Gabon peut céder aux pressions extérieures, retarder la réforme, et continuer de gérer son pétrole comme une rente du passé. Ou il peut assumer un choix courageux : celui de traiter l’environnement non plus comme un alibi, mais comme un actif stratégique. La signature du 26 avril sera plus qu’une convention : ce sera un test de maturité économique, diplomatique et morale.

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