Le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mandiaye Niang, a récemment affirmé que les enquêtes sur les crimes commis en Côte d’Ivoire lors des violences post-électorales de 2010-2011 sont toujours en cours. Niang a exprimé son espoir de relancer une coopération judiciaire fragile entre la CPI et le gouvernement ivoirien, malgré l’annonce de la fermeture imminente du bureau de la CPI à Abidjan.
Dans un entretien accordé à RFI, Mandiaye Niang a souligné que l’enquête se concentre sur « les autres factions » impliquées dans le conflit. Bien que le gouvernement ivoirien ait exprimé sa satisfaction quant à la fermeture du bureau, le procureur a insisté sur le fait que l’investigation continue et qu’il est essentiel d’obtenir des preuves et des témoignages pour avancer dans le processus judiciaire.
Le magistrat sénégalais a décrit le travail d’enquête comme un véritable « parcours d’obstacles », en raison du manque de coopération des États. La CPI, en tant qu’autorité d’enquête « lointaine », dépend de la collaboration des gouvernements pour accéder aux informations nécessaires, telles que les comptes-rendus téléphoniques et autres preuves. Cette situation est d’autant plus délicate que la Côte d’Ivoire a ratifié le traité de la CPI en 2013, ce qui rend la coopération obligatoire.
Mandiaye Niang a également précisé que les cibles de l’enquête restent confidentielles et qu’il n’est pas encore possible de déterminer quand des mandats d’arrêt pourraient être délivrés. Il espère clore l’enquête dans le courant de l’année 2025, tout en poursuivant les investigations sur les cibles déjà identifiées.
Vers un jugement à Abidjan ou La Haye ?
La question demeure quant à savoir si les suspects seront jugés à Abidjan ou à La Haye. La CPI intervient uniquement en dernier recours, lorsque l’État concerné n’a pas les moyens ou la volonté politique de mener les procès. Le gouvernement ivoirien a longtemps affirmé vouloir traiter ces affaires localement, mais pour ce faire, il devra prouver qu’il mène des poursuites contre les mêmes individus pour les mêmes faits que ceux visés par la CPI.
Bien que la fermeture du bureau de la CPI à Abidjan puisse sembler être une victoire pour le gouvernement ivoirien, les enquêtes sur les crimes post-électoraux restent une priorité pour Mandiaye Niang. Le succès de ces investigations dépendra largement de la volonté du gouvernement ivoirien à coopérer pleinement avec la Cour pénale internationale.