L’armée tchadienne est au cœur d’une controverse après des accusations selon lesquelles elle aurait tué par erreur des dizaines de pêcheurs nigérians lors d’une opération militaire dirigée contre des jihadistes de Boko Haram. Cet incident tragique, survenu dans la région du lac Tchad, a suscité l’indignation parmi les communautés locales et les milices anti-jihadistes.
Selon des témoignages recueillis, un avion de chasse tchadien aurait bombardé l’île de Tilma, croyant cibler des combattants de Boko Haram. Babakura Kolo, chef d’une milice anti-djihadiste, a rapporté que les forces armées tchadiennes ont confondu les pêcheurs avec des jihadistes, entraînant la mort de nombreux civils. Un pêcheur survivant a décrit la scène chaotique : « L’avion de chasse a d’abord encerclé Tilma avant de larguer des bombes, tandis que les gens fuyaient dans toutes les directions pour se protéger« .
Cette opération, nommée Haskanite, a été lancée en réponse à une attaque récente de Boko Haram qui a coûté la vie à une quarantaine de soldats tchadiens. Le président Mahamat Idriss Déby a personnellement supervisé cette contre-offensive, soulignant l’importance de neutraliser les menaces terroristes dans la région. Cependant, les autorités militaires tchadiennes ont reconnu que les militants de Boko Haram se mêlent souvent aux civils, rendant difficile la distinction entre cibles légitimes et innocents.
Les accusations portées contre l’armée tchadienne ont été fermement rejetées par le gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a qualifié ces allégations de « complet fantasme« , affirmant que les opérations militaires visaient uniquement des objectifs jihadistes et non des civils. Il a également souligné que l’éthique militaire tchadienne interdit toute attaque contre des innocents.
Cependant, les témoignages des pêcheurs et des membres de la communauté locale peinent à corroborer cette version. Abubakar Gamandi, président de l’association des pêcheurs du Borno, a confirmé la mort de plusieurs pêcheurs sans pouvoir fournir un chiffre exact. Il a exprimé son inquiétude quant à la sécurité dans la région : « Nous ne pouvons pas savoir s’il s’agit d’une vengeance ou d’une attaque de routine« .
Cet incident tragique met en lumière les défis auxquels sont confrontées les forces armées dans leur lutte contre le terrorisme dans une région où la distinction entre civils et combattants est souvent floue. Alors que le Tchad continue ses opérations militaires pour contrer Boko Haram, il est crucial que toutes les mesures soient prises pour éviter des pertes civiles supplémentaires et garantir la sécurité des populations locales.