Le 1er novembre 2024, à l’occasion du 70e anniversaire de l’insurrection du 1er novembre 1954 en Algérie, le président français Emmanuel Macron a officiellement reconnu la responsabilité des militaires français dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi, un des leaders emblématiques du Front de libération nationale (FLN). Cette déclaration marque un tournant significatif dans les relations franco-algériennes, qui demeurent tendues en raison des blessures historiques non cicatrisées de la guerre d’Algérie.
Une reconnaissance tardive
Dans un communiqué publié par l’Élysée, Macron a affirmé que Larbi Ben M’hidi, considéré comme un héros national en Algérie, a été « assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses« . Cette reconnaissance fait suite à des révélations antérieures sur les circonstances entourant sa mort. En effet, lors de sa disparition en 1957, la version officielle avait attribué son décès à un suicide, une assertion qui a été largement contestée au fil des décennies. Le général Paul Aussaresses a lui-même avoué, au début des années 2000, avoir ordonné son exécution.
Un contexte historique complexe
Larbi Ben M’hidi, né en 1923 dans les Aurès, était le responsable de la « Zone autonome d’Alger » pendant la bataille d’Alger. Son rôle central dans l’insurrection algérienne et son charisme lui ont valu le respect même de ses adversaires. Lors de son arrestation le 23 février 1957, il avait été exhibé devant la presse, menotté mais affichant un sourire serein. Le communiqué de l’Élysée souligne également que cette reconnaissance s’inscrit dans une démarche plus large de réconciliation historique entre la France et l’Algérie.
Vers une mémoire partagée
Macron a souligné que cette reconnaissance fait partie d’un « travail de vérité historique » qu’il a initié avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune. L’objectif est d’aboutir à une mémoire apaisée et partagée entre les deux pays. Dans ce contexte, le président français a déjà reconnu les responsabilités françaises dans d’autres affaires emblématiques comme celles concernant Maurice Audin et Ali Boumendjel, victimes de la répression durant la guerre.
Réactions et implications politiques
Cette déclaration intervient à un moment où les relations entre la France et l’Algérie sont particulièrement sensibles, exacerbées par des tensions politiques régionales. Bien que cette reconnaissance soit perçue comme un pas vers la réconciliation, elle pourrait également raviver des ressentiments chez certains nationalistes algériens qui estiment que les excuses ne suffisent pas face aux souffrances infligées durant la colonisation.
Le président Tebboune a cependant écarté l’idée d’une visite en France dans un futur proche, soulignant que tant que les blessures historiques ne seront pas complètement reconnues et réparées, le chemin vers une véritable réconciliation reste semé d’embûches.
La reconnaissance par Emmanuel Macron de la responsabilité française dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi constitue un moment clé dans le processus de réconciliation entre la France et l’Algérie. Ce geste pourrait ouvrir la voie à un dialogue plus constructif sur les questions mémorielles et historiques qui continuent d’affecter les relations bilatérales. Toutefois, il reste à voir comment cette déclaration sera reçue par les différentes parties prenantes et quelles actions concrètes en découleront pour favoriser une mémoire partagée et apaisée.