En Centrafrique, les victimes du massacre de Paoua, survenu en 2019 et ayant coûté la vie à 46 civils, ont finalement été indemnisées. C’est ce qu’a annoncé lundi la Cour pénale spéciale (CPS), juridiction chargée de juger les crimes de guerre et contre l’humanité dans le pays.
Pour la première fois dans l’histoire de la République centrafricaine, une mesure de réparation ordonnée par une juridiction a été mise en œuvre au bénéfice direct des victimes parties civiles. La CPS a en effet remis les réparations prononcées par la chambre d’appel aux neuf victimes directes des crimes, dont cinq victimes de violences sexuelles, ainsi qu’à 32 familles affectées par le massacre de Paoua.
Au total, l’ensemble des réparations financières accordées, individuelles et collectives, s’élève à 18,855 millions de francs CFA, soit environ 28 745 euros. Une somme qui permettra aux victimes de commencer à panser leurs plaies, cinq ans après les faits.
Le 21 mai 2019, des éléments du groupe armé 3R (Retour, réclamation, réconciliation) avaient lancé une série d’attaques meurtrières contre la ville de Paoua, située dans le nord du pays. Selon l’ONG Human Rights Watch, 46 civils avaient alors été tués.
Après un ultimatum de la mission de l’ONU (Minusca) et du gouvernement centrafricain, trois présumés auteurs de ces crimes avaient été livrés par le groupe 3R aux autorités judiciaires. Issa Sallet Adoum, Yaouba Ousman et Mahamat Tahir avaient finalement été reconnus coupables de « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » et condamnés à 20 et 30 ans de réclusion par la Cour pénale spéciale en juillet 2023.
Ce tribunal hybride, composé de magistrats centrafricains et étrangers, a été créé en 2015 sous le parrainage de l’ONU pour juger les crimes les plus graves commis depuis 2003 dans ce pays, qui a connu depuis son indépendance en 1960 une succession de guerres civiles et de régimes autoritaires.
Malgré ces avancées judiciaires, la Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l’ONU, reste le théâtre depuis 2013 d’une guerre civile, même si elle a baissé d’intensité depuis 2018. Le Conseil de sécurité de l’ONU a d’ailleurs levé le 30 juillet l’embargo sur les armes visant le pays, tout en interdisant la vente d’armes à destination des groupes armés pour un an encore. La mission de l’ONU pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) affirme que 4 800 personnes ont rendu les armes pour l’instant, dans le cadre du processus de désarmement.