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Accueil Gabon

Oligui Nguema lance son parti et brouille les lignes | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

Anne-Sophie Laborieux Par Anne-Sophie Laborieux
22 juin 2025
Temps de lecture :4 minutes de lecture
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oligui-nguema-lance-son-parti-et-brouille-les-lignes-|-gabonreview.com-|-actualite-du-gabon-|

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En annonçant la création de son propre parti politique, Brice Clotaire Oligui Nguema franchit un seuil : celui où le chef d’État cesse d’incarner la post-transition pour devenir pleinement acteur d’un système. Sous couvert de refondation, le président engage une manœuvre politique aux allures d’OPA sur l’espace partisan, accueillant dans son sillage les débris d’un régime qu’il avait pourtant juré de dépasser. Le Gabon change-t-il de logiciel… ou recycle-t-il ses anciens fichiers ?

Oligui crée son parti… pour rassembler ou pour régner ? © Reuters – Luc Gnago

Rupture programmée ou recyclage politique ? Le 22 juin 2025, dans une brève vidéo savamment scénarisée, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a invité la nation à assister le 28 juin au Palais des sports de Libreville à «l’avènement» de son mouvement politique. Derrière le ton messianique et la rhétorique du «Gabon nouveau», se niche l’opération de reconfiguration partisane la plus décisive depuis la tacite mise au ban du Parti démocratique gabonais (PDG). Car sous le vernis de la refondation républicaine affleure un triple dilemme : la compatibilité constitutionnelle de l’initiative présidentielle, la mécanique d’un appareil électoral taillé sur mesure, et le risque assumé – voire revendiqué – de recycler l’ancienne aristocratie politique.

Une légalité grise et une mécanique huilée

Les afficionados du chef de l’État se défendent de toute entorse juridique : la Constitution de décembre 2024 n’interdit pas expressément au président d’adhérer à un parti – elle lui impose seulement d’incarner l’unité nationale. Pourtant, l’esprit de l’article 32, inspiré de la neutralité gaullienne, suggère une distance prudentielle entre le sommet de l’exécutif et la compétition partisane. En promouvant lui-même un parti, Oligui Nguema brouille cette frontière et entretient le soupçon d’un «fait du prince».

Un avis juridique relayé par le juriste Camille Lendeme renforce cette zone de flou : selon l’article 82 du Code électoral, tout élu – y compris le président – est censé conserver, pendant son mandat, la posture politique adoptée lors de sa candidature. Or, élu sans étiquette déclarée, Oligui Nguema risquerait, en créant un parti, de rompre avec cette neutralité constitutionnelle présumée. Plus encore, le simple fait de fonder une formation politique pourrait faire de lui un adhérent de facto, au mépris des exigences de neutralité présidentielle. De quoi nourrir l’idée d’un glissement vers un pouvoir à coloration partisane.

La nouvelle loi sur les partis, votée le 17 juin, renforce ce malaise. Les 12 000 signatures avec NIP, l’obligation de couverture nationale et la vérification de la transparence financière constituent des obstacles rédhibitoires pour des formations naissantes, mais guère pour un mouvement présidentiel disposant déjà d’un maillage capillaire : le Rassemblement des Bâtisseurs (RdB). Le législateur a-t-il accouché d’une règle générale ou d’un costume sur mesure ? L’opinion y voit un chronogramme d’ingénierie politique plus qu’une simple coïncidence.

Né en mars pour porter la candidature d’Oligui Nguema, le RdB revendique 22 000 militants, 4 200 associations partenaires et 84 micro-partis. Sous la houlette de l’avocat Anges Kevin Nzigou, l’organisation a déjà testé sa logistique, sa trésorerie et sa discipline de terrain lors de la présidentielle d’avril dernier. Il lui suffit de troquer ses affiches de campagne pour des statuts notariés et un directoire.

Cette conversion express consacre un modèle de «parti-fan-club», où l’appareil n’existe que pour magnifier la figure du chef. Le risque n’est pas anecdotique : en plaçant son mouvement dans le sillage direct de la présidence, Oligui Nguema confond l’État et la cause partisane, reconstituant de facto le règne d’un parti dominant – sinon unique – que la transition prétendait abolir.

Une refondation au parfum de déjà-vu

C’est sur ce point que l’initiative frôle la contradiction majeure. Paul Biyoghé Mba, Daniel Ona Ondo, Emmanuel Ondo Methogo … la procession des anciens barons PDG franchissant le Rubicon depuis mai a tout d’une reconquête sous pavillon neuf. À la clé : maintien d’un capital de notabilité, reconversion dans la majorité présidentielle et sauvegarde de privilèges. Les mêmes cadres qui incarnaient la gouvernance «irresponsable et imprévisible» vilipendée lors du putsch de 2023 vont vraisemblablement s’inviter au banquet de la rupture.

La manœuvre peut paraître habile : absorber les élites sortantes pour neutraliser leur pouvoir de nuisance, canaliser leurs réseaux locaux et offrir à la façade «Gabon nouveau» un maillage territorial prêt-à-l’emploi. Mais le pari est à double-tranchant. En exhumant les piliers de l’ancien régime, le futur parti risque de muter en musée politique vivant, un Jurassic Park où les «dinosaures» dictent encore la cadence. De quoi fragiliser la promesse de moralisation brandie dès le Conseil des ministres du 4 juin.

Le parti d’Oligui Nguema est déjà sur le fil. S’il offre un véhicule à la «vision» présidentielle, il pose aussi deux questions cardinales : jusqu’où un chef d’État peut-il patronner sa propre machine partisane sans porter atteinte à la neutralité républicaine ? Et peut-on réellement bâtir le «Gabon nouveau» en faisant du neuf avec les briques – et parfois les décombres – du système d’hier qu’on a déposé ? La réponse se jouera dès le 28 juin, mais le chantier, lui, s’annonce déjà hérissé de paradoxes.

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En annonçant la création de son propre parti politique, Brice Clotaire Oligui Nguema franchit un seuil : celui où le chef d’État cesse d’incarner la post-transition pour devenir pleinement acteur d’un système. Sous couvert de refondation, le président engage une manœuvre politique aux allures d’OPA sur l’espace partisan, accueillant dans son sillage les débris d’un régime qu’il avait pourtant juré de dépasser. Le Gabon change-t-il de logiciel… ou recycle-t-il ses anciens fichiers ?

Oligui crée son parti… pour rassembler ou pour régner ? © Reuters – Luc Gnago

Rupture programmée ou recyclage politique ? Le 22 juin 2025, dans une brève vidéo savamment scénarisée, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a invité la nation à assister le 28 juin au Palais des sports de Libreville à «l’avènement» de son mouvement politique. Derrière le ton messianique et la rhétorique du «Gabon nouveau», se niche l’opération de reconfiguration partisane la plus décisive depuis la tacite mise au ban du Parti démocratique gabonais (PDG). Car sous le vernis de la refondation républicaine affleure un triple dilemme : la compatibilité constitutionnelle de l’initiative présidentielle, la mécanique d’un appareil électoral taillé sur mesure, et le risque assumé – voire revendiqué – de recycler l’ancienne aristocratie politique.

Une légalité grise et une mécanique huilée

Les afficionados du chef de l’État se défendent de toute entorse juridique : la Constitution de décembre 2024 n’interdit pas expressément au président d’adhérer à un parti – elle lui impose seulement d’incarner l’unité nationale. Pourtant, l’esprit de l’article 32, inspiré de la neutralité gaullienne, suggère une distance prudentielle entre le sommet de l’exécutif et la compétition partisane. En promouvant lui-même un parti, Oligui Nguema brouille cette frontière et entretient le soupçon d’un «fait du prince».

Un avis juridique relayé par le juriste Camille Lendeme renforce cette zone de flou : selon l’article 82 du Code électoral, tout élu – y compris le président – est censé conserver, pendant son mandat, la posture politique adoptée lors de sa candidature. Or, élu sans étiquette déclarée, Oligui Nguema risquerait, en créant un parti, de rompre avec cette neutralité constitutionnelle présumée. Plus encore, le simple fait de fonder une formation politique pourrait faire de lui un adhérent de facto, au mépris des exigences de neutralité présidentielle. De quoi nourrir l’idée d’un glissement vers un pouvoir à coloration partisane.

La nouvelle loi sur les partis, votée le 17 juin, renforce ce malaise. Les 12 000 signatures avec NIP, l’obligation de couverture nationale et la vérification de la transparence financière constituent des obstacles rédhibitoires pour des formations naissantes, mais guère pour un mouvement présidentiel disposant déjà d’un maillage capillaire : le Rassemblement des Bâtisseurs (RdB). Le législateur a-t-il accouché d’une règle générale ou d’un costume sur mesure ? L’opinion y voit un chronogramme d’ingénierie politique plus qu’une simple coïncidence.

Né en mars pour porter la candidature d’Oligui Nguema, le RdB revendique 22 000 militants, 4 200 associations partenaires et 84 micro-partis. Sous la houlette de l’avocat Anges Kevin Nzigou, l’organisation a déjà testé sa logistique, sa trésorerie et sa discipline de terrain lors de la présidentielle d’avril dernier. Il lui suffit de troquer ses affiches de campagne pour des statuts notariés et un directoire.

Cette conversion express consacre un modèle de «parti-fan-club», où l’appareil n’existe que pour magnifier la figure du chef. Le risque n’est pas anecdotique : en plaçant son mouvement dans le sillage direct de la présidence, Oligui Nguema confond l’État et la cause partisane, reconstituant de facto le règne d’un parti dominant – sinon unique – que la transition prétendait abolir.

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C’est sur ce point que l’initiative frôle la contradiction majeure. Paul Biyoghé Mba, Daniel Ona Ondo, Emmanuel Ondo Methogo … la procession des anciens barons PDG franchissant le Rubicon depuis mai a tout d’une reconquête sous pavillon neuf. À la clé : maintien d’un capital de notabilité, reconversion dans la majorité présidentielle et sauvegarde de privilèges. Les mêmes cadres qui incarnaient la gouvernance «irresponsable et imprévisible» vilipendée lors du putsch de 2023 vont vraisemblablement s’inviter au banquet de la rupture.

La manœuvre peut paraître habile : absorber les élites sortantes pour neutraliser leur pouvoir de nuisance, canaliser leurs réseaux locaux et offrir à la façade «Gabon nouveau» un maillage territorial prêt-à-l’emploi. Mais le pari est à double-tranchant. En exhumant les piliers de l’ancien régime, le futur parti risque de muter en musée politique vivant, un Jurassic Park où les «dinosaures» dictent encore la cadence. De quoi fragiliser la promesse de moralisation brandie dès le Conseil des ministres du 4 juin.

Le parti d’Oligui Nguema est déjà sur le fil. S’il offre un véhicule à la «vision» présidentielle, il pose aussi deux questions cardinales : jusqu’où un chef d’État peut-il patronner sa propre machine partisane sans porter atteinte à la neutralité républicaine ? Et peut-on réellement bâtir le «Gabon nouveau» en faisant du neuf avec les briques – et parfois les décombres – du système d’hier qu’on a déposé ? La réponse se jouera dès le 28 juin, mais le chantier, lui, s’annonce déjà hérissé de paradoxes.

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Un avis juridique relayé par le juriste Camille Lendeme renforce cette zone de flou : selon l’article 82 du Code électoral, tout élu – y compris le président – est censé conserver, pendant son mandat, la posture politique adoptée lors de sa candidature. Or, élu sans étiquette déclarée, Oligui Nguema risquerait, en créant un parti, de rompre avec cette neutralité constitutionnelle présumée. Plus encore, le simple fait de fonder une formation politique pourrait faire de lui un adhérent de facto, au mépris des exigences de neutralité présidentielle. De quoi nourrir l’idée d’un glissement vers un pouvoir à coloration partisane.

La nouvelle loi sur les partis, votée le 17 juin, renforce ce malaise. Les 12 000 signatures avec NIP, l’obligation de couverture nationale et la vérification de la transparence financière constituent des obstacles rédhibitoires pour des formations naissantes, mais guère pour un mouvement présidentiel disposant déjà d’un maillage capillaire : le Rassemblement des Bâtisseurs (RdB). Le législateur a-t-il accouché d’une règle générale ou d’un costume sur mesure ? L’opinion y voit un chronogramme d’ingénierie politique plus qu’une simple coïncidence.

Né en mars pour porter la candidature d’Oligui Nguema, le RdB revendique 22 000 militants, 4 200 associations partenaires et 84 micro-partis. Sous la houlette de l’avocat Anges Kevin Nzigou, l’organisation a déjà testé sa logistique, sa trésorerie et sa discipline de terrain lors de la présidentielle d’avril dernier. Il lui suffit de troquer ses affiches de campagne pour des statuts notariés et un directoire.

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Les afficionados du chef de l’État se défendent de toute entorse juridique : la Constitution de décembre 2024 n’interdit pas expressément au président d’adhérer à un parti – elle lui impose seulement d’incarner l’unité nationale. Pourtant, l’esprit de l’article 32, inspiré de la neutralité gaullienne, suggère une distance prudentielle entre le sommet de l’exécutif et la compétition partisane. En promouvant lui-même un parti, Oligui Nguema brouille cette frontière et entretient le soupçon d’un «fait du prince».

Un avis juridique relayé par le juriste Camille Lendeme renforce cette zone de flou : selon l’article 82 du Code électoral, tout élu – y compris le président – est censé conserver, pendant son mandat, la posture politique adoptée lors de sa candidature. Or, élu sans étiquette déclarée, Oligui Nguema risquerait, en créant un parti, de rompre avec cette neutralité constitutionnelle présumée. Plus encore, le simple fait de fonder une formation politique pourrait faire de lui un adhérent de facto, au mépris des exigences de neutralité présidentielle. De quoi nourrir l’idée d’un glissement vers un pouvoir à coloration partisane.

La nouvelle loi sur les partis, votée le 17 juin, renforce ce malaise. Les 12 000 signatures avec NIP, l’obligation de couverture nationale et la vérification de la transparence financière constituent des obstacles rédhibitoires pour des formations naissantes, mais guère pour un mouvement présidentiel disposant déjà d’un maillage capillaire : le Rassemblement des Bâtisseurs (RdB). Le législateur a-t-il accouché d’une règle générale ou d’un costume sur mesure ? L’opinion y voit un chronogramme d’ingénierie politique plus qu’une simple coïncidence.

Né en mars pour porter la candidature d’Oligui Nguema, le RdB revendique 22 000 militants, 4 200 associations partenaires et 84 micro-partis. Sous la houlette de l’avocat Anges Kevin Nzigou, l’organisation a déjà testé sa logistique, sa trésorerie et sa discipline de terrain lors de la présidentielle d’avril dernier. Il lui suffit de troquer ses affiches de campagne pour des statuts notariés et un directoire.

Cette conversion express consacre un modèle de «parti-fan-club», où l’appareil n’existe que pour magnifier la figure du chef. Le risque n’est pas anecdotique : en plaçant son mouvement dans le sillage direct de la présidence, Oligui Nguema confond l’État et la cause partisane, reconstituant de facto le règne d’un parti dominant – sinon unique – que la transition prétendait abolir.

Une refondation au parfum de déjà-vu

C’est sur ce point que l’initiative frôle la contradiction majeure. Paul Biyoghé Mba, Daniel Ona Ondo, Emmanuel Ondo Methogo … la procession des anciens barons PDG franchissant le Rubicon depuis mai a tout d’une reconquête sous pavillon neuf. À la clé : maintien d’un capital de notabilité, reconversion dans la majorité présidentielle et sauvegarde de privilèges. Les mêmes cadres qui incarnaient la gouvernance «irresponsable et imprévisible» vilipendée lors du putsch de 2023 vont vraisemblablement s’inviter au banquet de la rupture.

La manœuvre peut paraître habile : absorber les élites sortantes pour neutraliser leur pouvoir de nuisance, canaliser leurs réseaux locaux et offrir à la façade «Gabon nouveau» un maillage territorial prêt-à-l’emploi. Mais le pari est à double-tranchant. En exhumant les piliers de l’ancien régime, le futur parti risque de muter en musée politique vivant, un Jurassic Park où les «dinosaures» dictent encore la cadence. De quoi fragiliser la promesse de moralisation brandie dès le Conseil des ministres du 4 juin.

Le parti d’Oligui Nguema est déjà sur le fil. S’il offre un véhicule à la «vision» présidentielle, il pose aussi deux questions cardinales : jusqu’où un chef d’État peut-il patronner sa propre machine partisane sans porter atteinte à la neutralité républicaine ? Et peut-on réellement bâtir le «Gabon nouveau» en faisant du neuf avec les briques – et parfois les décombres – du système d’hier qu’on a déposé ? La réponse se jouera dès le 28 juin, mais le chantier, lui, s’annonce déjà hérissé de paradoxes.

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