Le 6 novembre 2024, la Guinée équatoriale a été secouée par le limogeage de Baltasar Ebang Engonga, directeur général de l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF), suite à un scandale sexuel impliquant des vidéos compromettantes. Annoncé par un décret présidentiel signé par Teodoro Obiang Nguema, ce développement a suscité une onde de choc dans un pays déjà en proie à des tensions politiques et sociales.
La situation a pris une tournure explosive lorsque des images intimes de Baltasar Ebang Engonga ont été diffusées sur les réseaux sociaux, impliquant plusieurs partenaires, dont des épouses de personnalités influentes. En détention préventive pour détournement de fonds publics, Engonga est accusé d’avoir conservé ces vidéos sans le consentement de ses partenaires.
La question du consentement
L’affaire soulève des interrogations cruciales sur le consentement. Une partenaire d’Engonga a affirmé avoir donné son accord pour être filmée, mais pensait que les images seraient effacées après leur visionnage. Cette ambiguïté met en lumière la nécessité d’une législation claire concernant le consentement éclairé dans les relations intimes, un sujet qui reste largement inexploré dans le contexte équato-guinéen.
Cyrille Rolande Bechon, juriste et activiste, souligne que cette affaire met en exergue les lacunes juridiques et éthiques entourant la protection des données personnelles et le droit à l’image. Elle appelle à une réflexion sur les droits des victimes dans de telles situations, où le pouvoir et l’influence peuvent altérer la dynamique du consentement.
Ce scandale ne se limite pas à une simple affaire personnelle ; il est également perçu comme un révélateur de la déliquescence du régime actuel. Juan Carlos Ondo Angue, ancien président de la Cour suprême devenu opposant en exil, affirme que cette situation illustre une dérive autoritaire manifeste au sein du gouvernement. Il évoque une intention délibérée de discréditer certaines autorités du pays à travers la diffusion de ces images.
L’affaire Baltasar Ebang Engonga met en lumière non seulement les dysfonctionnements au sein de l’administration équato-guinéenne mais aussi les enjeux sociétaux liés au consentement et à la vie privée. Alors que le gouvernement tente de restaurer son image par des mesures répressives, il est clair que cette affaire soulève des questions fondamentales sur l’éthique et la gouvernance dans un pays souvent critiqué pour son manque de transparence. La Guinée équatoriale se trouve à un tournant, où les décisions prises aujourd’hui pourraient définir l’avenir politique et social du pays.