Ce dimanche 6 octobre, les Tunisiens se rendent aux urnes pour une élection présidentielle qui semble déjà jouée d’avance. Le président sortant Kaïs Saïed, en quête d’un second mandat, fait face à une opposition quasi inexistante et à un climat politique marqué par le désenchantement.
Une campagne morose
La campagne électorale a été marquée par un manque de dynamisme et de suspense. Kaïs Saïed, élu en 2019, a concentré les pouvoirs et a été accusé de dérive autoritaire. Les observateurs politiques qualifient cette élection de « verrouillée », soulignant que l’enjeu principal réside dans la participation électorale plutôt que dans le choix des candidats. Avec seulement deux adversaires, dont l’un est emprisonné, Saïed semble assuré de sa réélection. Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences Po Paris, a déclaré que cette élection ne présente « pas grand suspense » et que le véritable défi sera d’inciter les électeurs à se déplacer.
Un climat de mécontentement
De nombreux Tunisiens expriment leur mécontentement face à la situation politique actuelle. Les récents événements, tels que la dissolution du Parlement et les restrictions sur les libertés d’expression, ont alimenté un sentiment de désillusion parmi la population. Ce climat a conduit certains à envisager des moyens alternatifs pour manifester leur mécontentement au lieu de voter. Les taux d’abstention lors des précédentes élections étaient alarmants, atteignant près de 90 % dans certains cas. Cette tendance pourrait se reproduire, renforçant l’idée que beaucoup ne voient pas l’intérêt de participer à un scrutin qu’ils jugent sans enjeu.
Les enjeux internationaux
La communauté internationale observe cette élection avec une attention particulière. Amnesty International a récemment mis en lumière le recul des droits fondamentaux en Tunisie depuis l’accession au pouvoir de Saïed. Les critiques sur son régime autoritaire pourraient avoir des répercussions sur la légitimité du scrutin et sur les relations diplomatiques du pays.
Alors que les Tunisiens se dirigent vers les urnes ce dimanche, la question demeure : cette élection marquera-t-elle un tournant pour la démocratie tunisienne ou renforcera-t-elle le statu quo d’un régime autoritaire? La réponse dépendra largement de la participation électorale et des réactions des citoyens face à une campagne marquée par le désenchantement et l’absence d’alternatives crédibles.