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Accueil Gabon

Une Cinquième République sans rupture : l’illusion constitutionnelle gabonaise | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

Tokyo Yabangoye Par Tokyo Yabangoye
22 avril 2025
Temps de lecture :4 minutes de lecture
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une-cinquieme-republique-sans-rupture :-l’illusion-constitutionnelle-gabonaise-|-gabonreview.com-|-actualite-du-gabon-|

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Derrière les fastes officiels et les discours de refondation, le Gabon célèbre une République fantôme. Cinquième République ? Nouvel acte, vraisemblablement, d’un théâtre constitutionnel où les dirigeants changent mais où le pouvoir, lui, demeure intact. Analyse sommaire d’un changement de République en trompe-l’œil qui révèle comment, depuis soixante-cinq ans, l’État gabonais parvient à se réinventer sans jamais véritablement se transformer.

Une Constitution sans peuple n’est-il pas qu’un décor de théâtre où le pouvoir joue sa propre pièce ? © GabonReview

Cinquième République ! Le Gabon a-t-il changé de République ou seulement de rhétorique ? Le 19 décembre 2024 à Libreville, sous les sculptures de la Place de la Libération levant yeux et bras vers le ciel, la loi constitutionnelle instituant une nouvelle architecture institutionnelle est signée. En même temps que son décret de promulgation. Ce moment solennel, mis en scène comme l’acte inaugural de la Cinquième République gabonaise, fut présenté comme l’aboutissement d’une transition vertueuse. Mais le théâtre de la fondation ne masquait-il pas une absence de rupture ? Peut-on proclamer une République sans en créer les fondations ? Poser la question, c’est déjà affronter un non-dit : au Gabon, l’histoire constitutionnelle semble dominée non par des bascules, mais par des adaptations – une série de révisions sans révolution, de glissements sans fracture. L’analyse juridique du texte, croisée avec une réflexion sur le pouvoir et sa reproduction, invite à nuancer les proclamations officielles.

Une anomalie juridique : soixante-cinq ans sans réelle refondation républicaine

Depuis l’indépendance de 1960, la République gabonaise n’a jamais connu de réel changement de régime. Le terme de Première République n’a jamais été remis en cause par une proclamation formelle d’une Deuxième, Troisième ou Quatrième République. Ce sont les institutions qui ont changé – parfois substantiellement – mais jamais le socle républicain n’a été dissous ou reconstruit par la volonté souveraine du peuple. Ce fait singulier n’est pas seulement une curiosité politique. C’est une anomalie juridique majeure. À travers cinq Constitutions (1961, 1975, 1991, révision de 2011, révision de 2018) et un coup d’État militaire (2023), le Gabon est parvenu à remodeler son système politique sans jamais ouvrir un véritable moment constituant. Chaque révision s’est greffée sur le corps d’un ordre ancien, jamais abrogé.

La nouvelle Constitution promulguée fin 2024 et effective depuis l’élection présidentielle du 13 avril 2025, remplace l’ancienne Loi fondamentale de 1991, elle-même plusieurs fois amendée. Sur le plan formel, le texte comporte des innovations réelles : durée du mandat ramenée à cinq ans, limitation à deux mandats présidentiels, indépendance officielle de la justice, suppression du poste de Premier ministre, création d’un poste de Vice-président du gouvernement, restrictions strictes sur les révisions constitutionnelles. Des droits nouveaux sont proclamés, et l’impératif de bonne gouvernance est inscrit au fronton des engagements de l’État.

La méthode en question : une Constitution sans légitimité populaire

Mais si la réécriture est soignée, la méthode interroge. Aucun acte de dissolution de la République précédente n’a été proclamé. Le texte a été rédigé par une commission de transition ad hoc, adoptée sans débat national inclusif, et entérinée dans un climat de consensus asymétrique. Le référendum populaire, pourtant fondamental dans l’histoire des fondations républicaines modernes, a littéralement été snobé par les populations contrairement aux chiffres officiels sur le taux d’abstention. On est donc face à une Constitution sans rupture, une «Cinquième République» sans révolution constituante. Or, en droit constitutionnel, une République nouvelle suppose, au-delà du texte, un changement de légitimité. Ce n’est pas tant la matière juridique qui fait la République que le geste politique qui la fonde. En France, chaque République est née d’un choc historique : guerre, effondrement, refondation. Au Gabon, le choc a bien eu lieu – le 30 août 2023 – mais la refondation attend toujours sa vraie consécration démocratique.

Brice Clotaire Oligui Nguema, devenu président élu en avril 2025, affirme vouloir reconstruire l’État sur des bases nouvelles. Mais si l’on ne renverse pas les mécanismes d’hyperconcentration du pouvoir, si l’on ne décentralise pas la décision, si l’on ne crée pas d’institutions réellement indépendantes, alors il ne s’agira que d’un régime rénové – pas d’une République nouvelle. Le président a promis un Gabon plus juste, plus équitable, plus responsable. Mais il devra choisir : continuer à s’appuyer sur les ressorts de l’ancien monde – réseaux, fidélités, logique de nomination clientéliste – ou ouvrir une brèche vers la vertu républicaine, celle qui place le citoyen au centre de l’architecture politique.

Au-delà des symboles : l’exigence d’une véritable refondation

Une République ne se résume pas à un nouveau préambule ou à un abaissement de mandat. Elle est un événement. Elle est ce moment rare où un peuple dit : «désormais, ce sera autrement». Elle suppose une rupture explicite, une réécriture légitime, un pacte nouveau. Elle se fonde sur un processus participatif, pas sur un décret cérémoniel. La République est un corps, pas un costume.

Tant que le pouvoir gabonais préférera les annonces symboliques à la refondation par le bas, il restera prisonnier d’une Première République polymorphe, capable d’absorber toutes les modernisations sans jamais changer de nature. Ce n’est donc pas un changement de République que le Gabon a connu, mais une nouvelle itération du même pouvoir – réécrit, réajusté, réaffiché. Si l’histoire doit juger cette Cinquième République, ce sera moins à la beauté de son texte qu’à la vérité de ses actes. Et cette vérité commence aujourd’hui.

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Derrière les fastes officiels et les discours de refondation, le Gabon célèbre une République fantôme. Cinquième République ? Nouvel acte, vraisemblablement, d’un théâtre constitutionnel où les dirigeants changent mais où le pouvoir, lui, demeure intact. Analyse sommaire d’un changement de République en trompe-l’œil qui révèle comment, depuis soixante-cinq ans, l’État gabonais parvient à se réinventer sans jamais véritablement se transformer.

Une Constitution sans peuple n’est-il pas qu’un décor de théâtre où le pouvoir joue sa propre pièce ? © GabonReview

Cinquième République ! Le Gabon a-t-il changé de République ou seulement de rhétorique ? Le 19 décembre 2024 à Libreville, sous les sculptures de la Place de la Libération levant yeux et bras vers le ciel, la loi constitutionnelle instituant une nouvelle architecture institutionnelle est signée. En même temps que son décret de promulgation. Ce moment solennel, mis en scène comme l’acte inaugural de la Cinquième République gabonaise, fut présenté comme l’aboutissement d’une transition vertueuse. Mais le théâtre de la fondation ne masquait-il pas une absence de rupture ? Peut-on proclamer une République sans en créer les fondations ? Poser la question, c’est déjà affronter un non-dit : au Gabon, l’histoire constitutionnelle semble dominée non par des bascules, mais par des adaptations – une série de révisions sans révolution, de glissements sans fracture. L’analyse juridique du texte, croisée avec une réflexion sur le pouvoir et sa reproduction, invite à nuancer les proclamations officielles.

Une anomalie juridique : soixante-cinq ans sans réelle refondation républicaine

Depuis l’indépendance de 1960, la République gabonaise n’a jamais connu de réel changement de régime. Le terme de Première République n’a jamais été remis en cause par une proclamation formelle d’une Deuxième, Troisième ou Quatrième République. Ce sont les institutions qui ont changé – parfois substantiellement – mais jamais le socle républicain n’a été dissous ou reconstruit par la volonté souveraine du peuple. Ce fait singulier n’est pas seulement une curiosité politique. C’est une anomalie juridique majeure. À travers cinq Constitutions (1961, 1975, 1991, révision de 2011, révision de 2018) et un coup d’État militaire (2023), le Gabon est parvenu à remodeler son système politique sans jamais ouvrir un véritable moment constituant. Chaque révision s’est greffée sur le corps d’un ordre ancien, jamais abrogé.

La nouvelle Constitution promulguée fin 2024 et effective depuis l’élection présidentielle du 13 avril 2025, remplace l’ancienne Loi fondamentale de 1991, elle-même plusieurs fois amendée. Sur le plan formel, le texte comporte des innovations réelles : durée du mandat ramenée à cinq ans, limitation à deux mandats présidentiels, indépendance officielle de la justice, suppression du poste de Premier ministre, création d’un poste de Vice-président du gouvernement, restrictions strictes sur les révisions constitutionnelles. Des droits nouveaux sont proclamés, et l’impératif de bonne gouvernance est inscrit au fronton des engagements de l’État.

La méthode en question : une Constitution sans légitimité populaire

Mais si la réécriture est soignée, la méthode interroge. Aucun acte de dissolution de la République précédente n’a été proclamé. Le texte a été rédigé par une commission de transition ad hoc, adoptée sans débat national inclusif, et entérinée dans un climat de consensus asymétrique. Le référendum populaire, pourtant fondamental dans l’histoire des fondations républicaines modernes, a littéralement été snobé par les populations contrairement aux chiffres officiels sur le taux d’abstention. On est donc face à une Constitution sans rupture, une «Cinquième République» sans révolution constituante. Or, en droit constitutionnel, une République nouvelle suppose, au-delà du texte, un changement de légitimité. Ce n’est pas tant la matière juridique qui fait la République que le geste politique qui la fonde. En France, chaque République est née d’un choc historique : guerre, effondrement, refondation. Au Gabon, le choc a bien eu lieu – le 30 août 2023 – mais la refondation attend toujours sa vraie consécration démocratique.

Brice Clotaire Oligui Nguema, devenu président élu en avril 2025, affirme vouloir reconstruire l’État sur des bases nouvelles. Mais si l’on ne renverse pas les mécanismes d’hyperconcentration du pouvoir, si l’on ne décentralise pas la décision, si l’on ne crée pas d’institutions réellement indépendantes, alors il ne s’agira que d’un régime rénové – pas d’une République nouvelle. Le président a promis un Gabon plus juste, plus équitable, plus responsable. Mais il devra choisir : continuer à s’appuyer sur les ressorts de l’ancien monde – réseaux, fidélités, logique de nomination clientéliste – ou ouvrir une brèche vers la vertu républicaine, celle qui place le citoyen au centre de l’architecture politique.

Au-delà des symboles : l’exigence d’une véritable refondation

Une République ne se résume pas à un nouveau préambule ou à un abaissement de mandat. Elle est un événement. Elle est ce moment rare où un peuple dit : «désormais, ce sera autrement». Elle suppose une rupture explicite, une réécriture légitime, un pacte nouveau. Elle se fonde sur un processus participatif, pas sur un décret cérémoniel. La République est un corps, pas un costume.

Tant que le pouvoir gabonais préférera les annonces symboliques à la refondation par le bas, il restera prisonnier d’une Première République polymorphe, capable d’absorber toutes les modernisations sans jamais changer de nature. Ce n’est donc pas un changement de République que le Gabon a connu, mais une nouvelle itération du même pouvoir – réécrit, réajusté, réaffiché. Si l’histoire doit juger cette Cinquième République, ce sera moins à la beauté de son texte qu’à la vérité de ses actes. Et cette vérité commence aujourd’hui.

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Une Constitution sans peuple n’est-il pas qu’un décor de théâtre où le pouvoir joue sa propre pièce ? © GabonReview

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Depuis l’indépendance de 1960, la République gabonaise n’a jamais connu de réel changement de régime. Le terme de Première République n’a jamais été remis en cause par une proclamation formelle d’une Deuxième, Troisième ou Quatrième République. Ce sont les institutions qui ont changé – parfois substantiellement – mais jamais le socle républicain n’a été dissous ou reconstruit par la volonté souveraine du peuple. Ce fait singulier n’est pas seulement une curiosité politique. C’est une anomalie juridique majeure. À travers cinq Constitutions (1961, 1975, 1991, révision de 2011, révision de 2018) et un coup d’État militaire (2023), le Gabon est parvenu à remodeler son système politique sans jamais ouvrir un véritable moment constituant. Chaque révision s’est greffée sur le corps d’un ordre ancien, jamais abrogé.

La nouvelle Constitution promulguée fin 2024 et effective depuis l’élection présidentielle du 13 avril 2025, remplace l’ancienne Loi fondamentale de 1991, elle-même plusieurs fois amendée. Sur le plan formel, le texte comporte des innovations réelles : durée du mandat ramenée à cinq ans, limitation à deux mandats présidentiels, indépendance officielle de la justice, suppression du poste de Premier ministre, création d’un poste de Vice-président du gouvernement, restrictions strictes sur les révisions constitutionnelles. Des droits nouveaux sont proclamés, et l’impératif de bonne gouvernance est inscrit au fronton des engagements de l’État.

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Mais si la réécriture est soignée, la méthode interroge. Aucun acte de dissolution de la République précédente n’a été proclamé. Le texte a été rédigé par une commission de transition ad hoc, adoptée sans débat national inclusif, et entérinée dans un climat de consensus asymétrique. Le référendum populaire, pourtant fondamental dans l’histoire des fondations républicaines modernes, a littéralement été snobé par les populations contrairement aux chiffres officiels sur le taux d’abstention. On est donc face à une Constitution sans rupture, une «Cinquième République» sans révolution constituante. Or, en droit constitutionnel, une République nouvelle suppose, au-delà du texte, un changement de légitimité. Ce n’est pas tant la matière juridique qui fait la République que le geste politique qui la fonde. En France, chaque République est née d’un choc historique : guerre, effondrement, refondation. Au Gabon, le choc a bien eu lieu – le 30 août 2023 – mais la refondation attend toujours sa vraie consécration démocratique.

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Au-delà des symboles : l’exigence d’une véritable refondation

Une République ne se résume pas à un nouveau préambule ou à un abaissement de mandat. Elle est un événement. Elle est ce moment rare où un peuple dit : «désormais, ce sera autrement». Elle suppose une rupture explicite, une réécriture légitime, un pacte nouveau. Elle se fonde sur un processus participatif, pas sur un décret cérémoniel. La République est un corps, pas un costume.

Tant que le pouvoir gabonais préférera les annonces symboliques à la refondation par le bas, il restera prisonnier d’une Première République polymorphe, capable d’absorber toutes les modernisations sans jamais changer de nature. Ce n’est donc pas un changement de République que le Gabon a connu, mais une nouvelle itération du même pouvoir – réécrit, réajusté, réaffiché. Si l’histoire doit juger cette Cinquième République, ce sera moins à la beauté de son texte qu’à la vérité de ses actes. Et cette vérité commence aujourd’hui.

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Une anomalie juridique : soixante-cinq ans sans réelle refondation républicaine

Depuis l’indépendance de 1960, la République gabonaise n’a jamais connu de réel changement de régime. Le terme de Première République n’a jamais été remis en cause par une proclamation formelle d’une Deuxième, Troisième ou Quatrième République. Ce sont les institutions qui ont changé – parfois substantiellement – mais jamais le socle républicain n’a été dissous ou reconstruit par la volonté souveraine du peuple. Ce fait singulier n’est pas seulement une curiosité politique. C’est une anomalie juridique majeure. À travers cinq Constitutions (1961, 1975, 1991, révision de 2011, révision de 2018) et un coup d’État militaire (2023), le Gabon est parvenu à remodeler son système politique sans jamais ouvrir un véritable moment constituant. Chaque révision s’est greffée sur le corps d’un ordre ancien, jamais abrogé.

La nouvelle Constitution promulguée fin 2024 et effective depuis l’élection présidentielle du 13 avril 2025, remplace l’ancienne Loi fondamentale de 1991, elle-même plusieurs fois amendée. Sur le plan formel, le texte comporte des innovations réelles : durée du mandat ramenée à cinq ans, limitation à deux mandats présidentiels, indépendance officielle de la justice, suppression du poste de Premier ministre, création d’un poste de Vice-président du gouvernement, restrictions strictes sur les révisions constitutionnelles. Des droits nouveaux sont proclamés, et l’impératif de bonne gouvernance est inscrit au fronton des engagements de l’État.

La méthode en question : une Constitution sans légitimité populaire

Mais si la réécriture est soignée, la méthode interroge. Aucun acte de dissolution de la République précédente n’a été proclamé. Le texte a été rédigé par une commission de transition ad hoc, adoptée sans débat national inclusif, et entérinée dans un climat de consensus asymétrique. Le référendum populaire, pourtant fondamental dans l’histoire des fondations républicaines modernes, a littéralement été snobé par les populations contrairement aux chiffres officiels sur le taux d’abstention. On est donc face à une Constitution sans rupture, une «Cinquième République» sans révolution constituante. Or, en droit constitutionnel, une République nouvelle suppose, au-delà du texte, un changement de légitimité. Ce n’est pas tant la matière juridique qui fait la République que le geste politique qui la fonde. En France, chaque République est née d’un choc historique : guerre, effondrement, refondation. Au Gabon, le choc a bien eu lieu – le 30 août 2023 – mais la refondation attend toujours sa vraie consécration démocratique.

Brice Clotaire Oligui Nguema, devenu président élu en avril 2025, affirme vouloir reconstruire l’État sur des bases nouvelles. Mais si l’on ne renverse pas les mécanismes d’hyperconcentration du pouvoir, si l’on ne décentralise pas la décision, si l’on ne crée pas d’institutions réellement indépendantes, alors il ne s’agira que d’un régime rénové – pas d’une République nouvelle. Le président a promis un Gabon plus juste, plus équitable, plus responsable. Mais il devra choisir : continuer à s’appuyer sur les ressorts de l’ancien monde – réseaux, fidélités, logique de nomination clientéliste – ou ouvrir une brèche vers la vertu républicaine, celle qui place le citoyen au centre de l’architecture politique.

Au-delà des symboles : l’exigence d’une véritable refondation

Une République ne se résume pas à un nouveau préambule ou à un abaissement de mandat. Elle est un événement. Elle est ce moment rare où un peuple dit : «désormais, ce sera autrement». Elle suppose une rupture explicite, une réécriture légitime, un pacte nouveau. Elle se fonde sur un processus participatif, pas sur un décret cérémoniel. La République est un corps, pas un costume.

Tant que le pouvoir gabonais préférera les annonces symboliques à la refondation par le bas, il restera prisonnier d’une Première République polymorphe, capable d’absorber toutes les modernisations sans jamais changer de nature. Ce n’est donc pas un changement de République que le Gabon a connu, mais une nouvelle itération du même pouvoir – réécrit, réajusté, réaffiché. Si l’histoire doit juger cette Cinquième République, ce sera moins à la beauté de son texte qu’à la vérité de ses actes. Et cette vérité commence aujourd’hui.

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