Le Mozambique est en proie à des tensions croissantes alors que la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants lors de ce qui est considéré comme la plus grande manifestation à ce jour contre le parti au pouvoir, le Frelimo. Cette répression s’inscrit dans un contexte de contestation électorale intense suite aux élections présidentielles du 9 octobre, marquées par des allégations de fraude et une violence policière alarmante.
Une crise politique profonde
Depuis l’annonce des résultats électoraux le 24 octobre, qui a vu le Frelimo, au pouvoir depuis 1975, remporter les élections avec près de 71 % des voix, le pays est plongé dans une crise politique. L’opposition, représentée par Venancio Mondlane, qui a officiellement obtenu seulement 20 % des voix, conteste ces résultats et affirme avoir été victime d’un « scrutin volé ». Les manifestations qui ont suivi ont été sévèrement réprimées, entraînant la mort d’au moins 18 personnes selon Human Rights Watch et blessant des dizaines d’autres.
Les tensions ont culminé avec l’appel à une « marche pour la liberté » lancée par Mondlane. Alors que les manifestants se rassemblaient dans les rues de Maputo, la capitale, la police a répondu par des tirs de gaz lacrymogènes et des arrestations massives. Des témoins rapportent que les forces de sécurité ont utilisé une force excessive pour disperser les foules, provoquant un climat de peur et d’incertitude.
Réactions internationales et appels au calme

Les violences post-électorales ont suscité une forte réaction internationale. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a appelé à respecter le droit de réunion pacifique et à éviter l’usage disproportionné de la force par la police. Amnesty International a qualifié la situation actuelle de « pire répression des manifestations » que le pays ait connue depuis des années. Dans un communiqué, l’organisation a exigé que les autorités mettent fin aux atteintes aux droits humains et respectent les libertés fondamentales.
Des ambassadeurs de plusieurs pays, dont les États-Unis et le Canada, ont également exprimé leur préoccupation face à la situation au Mozambique. Ils ont appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à respecter l’État de droit.
Le gouvernement face à la contestation
Le gouvernement mozambicain, tout en reconnaissant certains « excès » dans l’intervention policière, défend ses actions en affirmant qu’elles étaient nécessaires pour maintenir l’ordre public. Le ministre de la Défense a menacé d’envoyer l’armée pour mettre fin aux manifestations qu’il qualifie d’illégales et potentiellement menaçantes pour l’ordre constitutionnel.
Malgré ces menaces, Mondlane continue d’appeler à la mobilisation. Dans un message vidéo partagé sur les réseaux sociaux, il a promis que les manifestants resteraient dans les rues jusqu’à ce que justice soit faite concernant les résultats électoraux.
La situation au Mozambique reste volatile alors que le pays fait face à une crise politique sans précédent. Les violences policières et la répression des manifestations soulèvent des inquiétudes quant au respect des droits humains dans un pays déjà fragilisé par des décennies de gouvernance autoritaire. Alors que les tensions persistent, l’avenir politique du Mozambique dépendra largement de la capacité du gouvernement à répondre aux préoccupations légitimes de ses citoyens tout en maintenant l’ordre public.